Le ciel du mois : Novembre 2023

Evénements

La sonde Lucy, développée par la NASA, a été lancée le 16 octobre 2021 à destination des astéroïdes troyens de Jupiter qu’elle atteindra à partir de 2027. Le 1^er novembre 2023, sa trajectoire la fera passer à 450 km de l’astéroïde (152830) Dinkinesh. Ce survol sera l’occasion de tester ses instruments et de transmettre des informations sur cet astéroïde mal connu.

Lucy survolera en avril 2025 un autre astéroïde de la ceinture principale entre Mars et Jupiter : (52246) Donaldjohanson. Son nom est un hommage au chercheur américain Donald Carl Johanson, co-découvreur avec Yves Coppens de la célèbre Lucy, un fossile d'australopithèque vieux de 3,2 millions d'années.

Le 15 novembre, une fusée SpaceX/Falcon 9 doit décoller du centre spatial JF Kennedy pour amener l’atterrisseur Intuitive Machines/NOVA C en orbite lunaire. Cet atterrisseur de 1900 kg avec ses ergols a été développé dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) financé par la NASA. Il va tenter pour la première fois de se poser sur le sol sélène, au bord du cratère Malapert A près du pôle sud, vers le 21 novembre. La durée de la mission est de 14 jours, limitée par la fin du jour lunaire car la sonde est alimentée par des panneaux solaires.

Actualisé le 10/11/2023 : lancement reporté au 12/01/2024.

Ephémérides

Le 9 novembre à 7h CET, au lever du Soleil (depuis Ajaccio), Vénus en « dernier quartier » se trouvera 1,3° sous la Lune. La planète disparaîtra même derrière le bord éclairé du croissant de Lune à 11h16 ; cependant les deux astres risquent de ne plus être visibles à l’œil nu en raison de la luminosité, il faudra les suivre aux jumelles ou au télescope pour observer l’occultation.

Simulation Stellarium

Par ailleurs la Lune presque pleine passera 2° sous l’amas des Pléiades le 26 novembre.

Jupiter sera à l’opposition, c’est-à-dire aligné avec la Terre et le Soleil, le 3 novembre. En raison de la forme elliptique des trajectoires des deux planètes, le périgée intervient un peu avant ou après (cette année le 1er novembre). C’est par définition le moment où la distance Terre-Jupiter est minimale (4 UA environ), donc le diamètre apparent de ce dernier est maximal (49,5 secondes d’arc). La planète géante passera le méridien vers minuit à une hauteur de 60°, la configuration sera très favorable tout le mois pour l'observer.

Le 13 novembre, Uranus passera également à l’opposition (diamètre de 3,8’’). Neptune sera encore visible dans les Poissons en première partie de nuit (diamètre de 2,3’’) tout comme Saturne (coucher au sud-ouest vers minuit).

Le maximum de l’essaim des Léonides sera atteint le 18 novembre 2023 avant l’aube, avec une moyenne de 10 étoiles filantes par heure. Il s’agit du sillage de la comète 55P/Temple-Tuttle dont la période est de 33 ans. La Lune ne sera pas gênante pour l’observation.

La comète C/2023 H2 (Lemmon) découverte le 23 avril dernier est passée au périhélie à 0,89 UA du Soleil le 29 octobre, et transitera au plus près de la Terre le 10 novembre à 0,19 UA ; la magnitude de l’objet devrait atteindre 7,0 : ce dernier sera visible dans un petit instrument en début de soirée dans la constellation de l’Aigle. Sa trajectoire est très elliptique, la période de l’orbite est estimée à 3800 ans.

Positions de la comète entre les 5 et 30 novembre à 19h30 CET, calculées dans Stellarium

Observation / les objets du mois

La nébuleuse Californie NGC1499 est une grande nébuleuse en émission située dans la constellation de Persée. Elle a été nommée ainsi car sa forme ressemble approximativement à celle de l'état de la Californie sur les photographies à longue pose. D'une longueur d'environ 70 années-lumière, NGC 1499 s’étire sur près de 3°, à 1500 AL du système solaire.

8° à l’ouest, la nébuleuse de l’embryon NGC1333 présente une complexité intéressante, avec une belle nébuleuse par réflexion bleue et un amas de jeunes étoiles masqués en partie par un important nuage sombre de poussières : la nébuleuse obscure Barnard 205. L’ensemble est à environ 800 AL et s’étend sur 1°. NGC1333 a été découverte par l'astronome allemand Eduard Schönfeld en 1855.

Photo Joachim50 / https://forum.astronomie.de

Dans la constellation du Bélier, la galaxie de la fougère NGC772 a une forme atypique en raison de l’interaction avec plusieurs galaxies naines qui orbitent à « faible » distance. L’objet apparaît assez petit (8’ x 5’) car il est à 100 millions d’AL mais c’est pourtant une galaxie 50% plus grande que notre Voie Lactée. Elle a été découverte par l'astronome britannique William Herschel en 1785.

Photo Peter Goodhew

6° à l’ouest de la précédente, la galaxie du fantôme M74 est une belle galaxie spirale située dans la constellation des Poissons, à environ 29 millions d’AL de notre Voie lactée. Bien que peu lumineuse, elle a été découverte par l'astronome français Pierre Méchain en 1780 puis observée par Charles Messier qui l'intégra dans son catalogue quelques semaines plus tard. Son diamètre apparent est de 9 minutes d’arc.

M74 vue par le télescope Hubble (crédit NASA)

L’amas ouvert des Pléiades (M45) est bien visible à l’œil nu, au dessus de la constellation du Taureau dans l’axe Sirius-Orion-Aldebaran. Dans la mythologie grecque les Pléiades sont sept sœurs, filles du titan Atlas et de l’océanide Pléioné ; pourchassées par Orion, elles ont été transformées en colombes par Zeus puis placées dans le ciel. En réalité, l’amas comporte plusieurs milliers d’étoiles qui éclairent un nuage de gaz et de poussières révélé par la photographie.

La galaxie du sculpteur NGC253 a été découverte par Caroline Herschel en 1783 ; située 25° sous l'équateur céleste dans la constellation du Sculpteur, elle n'est visible qu'en novembre et décembre sous nos latitudes. Cette galaxie spirale assez proche à 10,5 millions d'AL présente un fort taux de jeunes étoiles. C’est un bel objet du ciel austral, tout comme la galaxie du moulinet du sud NGC300 située 12° en dessous.

Un peu au-dessus, dans la constellation de la Baleine, nous trouvons la nébuleuse du crâne NGC246. Agée de 8000 ans, elle paraît petite (4’) et peu lumineuse (magnitude 10) en raison de son éloignement à 1600 AL ; un filtre OIII est conseillé pour l’observer. L’astre central est un système de deux étoiles tournant l’une autour de l’autre en 70 ans, la moins lumineuse étant la naine blanche issue de l’étoile qui a engendré cette nébuleuse planétaire.

Photo NASA/JPL

Deux étoiles multiples remarquables sont à signaler :

Iota trianguli nous est éloignée d’environ 200 AL avec deux composantes, l’une rouge, l’autre jaune de magnitudes +5,4 et +6,5 qui sont séparées de 4 secondes d’arc. Chacune d’elles est une binaire spectroscopique.

Mesarthim (Gamma arietis) dans le Bélier est une étoile binaire dont les composantes sont séparées par 7,7 secondes d’arc. Ces deux composantes sont des étoiles blanches de type A de la séquence principale et ont une magnitude apparente de +4,7 et de +4,8. La période orbitale de la binaire est supérieure à 5000 ans.

Bon ciel à tous !

Sauf mention contraire, les photos de la rubrique « observation » ont été réalisées par l'auteur. Retrouvez-les dans la galerie, avec les paramètres de prise de vue et un commentaire.