Réussir ses photos nocturnes

Si vous possédez un appareil permettant des réglages manuels, il faut absolument s'essayer à la photographie en basse lumière. Vous serez surpris par la sensibilité des capteurs numériques, et par la beauté des paysages nocturnes.

Ce n'est pas particulièrement compliqué ; « faire des photos la nuit c’est comme de jour, sauf que c’est la nuit ». Nous allons voir comment régler les différents paramètres de prise de vue.

La règle d’exposition des images (leur luminosité) ne change pas, cette dernière est toujours proportionnelle au temps de pose x gain du capteur (nombre ISO) / (nombre d’ouverture de l’objectif)².

Le photographe peut jouer sur ces 3 paramètres tout en gardant une exposition constante. Le nombre d’ouverture de l’objectif, égal au rapport focale/diamètre du système optique avec son diaphragme, apparaît au carré dans cette formule car la quantité de lumière reçue dépend de la surface de l’ouverture. Quand on multiplie ce nombre par racine(2), on divise par 2 l’exposition.

De nuit, la faible quantité de lumière qui arrive dans l’objectif impose de pousser ces 3 paramètres vers des valeurs « extrêmes ». Pour cela il faut opérer en mode manuel « M ».

Avec une caméra astro, on règle de la même façon la durée d'exposition et le gain dans le logiciel qui pilote la caméra. En mode vidéo, la durée d'exposition est bien sûr limitée par 1/cadence des images.

1. Temps de pose

La durée de prise de vue est allongée à plusieurs secondes, voire à plusieurs minutes. Il faut éviter les vibrations et le flou de bougé :

• en fixant l’appareil sur un support rigide : trépied ou monture sur une surface stable
• en utilisant le retardateur ou une télécommande pour éviter de toucher l’appareil lors du déclenchement
• en activant le blocage du miroir pour les APN reflex
• en utilisant une monture motorisée pour compenser la rotation de la Terre lorsque le temps de pose est supérieur à 200/Focale de l’objectif (pour les APN APS-C).

Les systèmes anti-vibrations de l’APN et des objectifs sont conçus pour compenser les mouvements d’une prise de vue à main levée ; il faut les désactiver quand l'appareil est fixé sur un support.

2.Gain du capteur

Le gain d’un capteur numérique peut être augmenté, comme si l’on utilisait un film plus sensible en argentique. Mais attention, le bruit thermique du capteur augmente aussi et surtout la dynamique (écart d'exposition entre les tons sombres et clairs) se réduit : il faut trouver un compromis, généralement 800 ou 1600 ISO.

Pour réduire le bruit de fond, on réalise une série d’images qui seront « empilées » par un logiciel de traitement. Ainsi le bruit aléatoire sur chaque pixel se moyenne tandis que le signal utile, présent sur toutes les images, se renforce en s’additionnant.

3. Ouverture de l’objectif

Sur un objectif photo, il est tentant de choisir l’ouverture maximale donc un nombre F/D le plus faible possible à la focale considérée. Cependant la netteté en bord d'image est généralement très dégradée : il faudra certainement diaphragmer de plusieurs crans.

Le nombre F/D des télescopes est fixe, d’où l’intérêt en astrophotographie de choisir des instruments « ouverts » (nombre F/D inférieur à 10).

Il n’est pas facile de contrôler l’exposition sur l’écran LCD de l’appareil, dont la luminosité sera réduite au minimum. L’histogramme mesure surtout le niveau de bruit : il faut limiter le temps de pose à l’apparition du "fond de ciel" (bruit du capteur + pollution lumineuse).

Les prises de vues seront effectuées en RAW, balance des blancs réglée sur « soleil ».

La mise au point en basse lumière doit être effectuée manuellement sur une étoile ou sur une lumière artificielle éloignée (désactiver l’autofocus qui est inopérant) : pour cela voir le chapitre « mise au point ».

La lentille frontale des objectifs ou des lunettes risque de se couvrir de buée par temps humide. Pour l'éviter, il faut toujours mettre le pare-soleil, enlever le bouchon juste pour la prise de vues et utiliser éventuellement une petite couverture chauffante alimentée en 12V (voir photo ci-dessus). Si la buée s'installe il ne faut surtout pas essuyer l'objectif (celle-ci reviendra aussitôt) mais plutôt réchauffer la surface avec un sèche-cheveux par exemple.

Pour approfondir le sujet, je vous invite à consulter les articles relatifs aux techniques de prise de vues sur les différents objets célestes. A vos appareils !