Bételgeuse

Les étoiles ne sont plus des points dans le ciel depuis le début du XX^e siècle. Et cela, grâce à Bételgeuse, principale étoile de la constellation d’Orion (visible surtout en hiver). Située à 640 années-lumière, elle possède le plus grand diamètre apparent de toutes les étoiles du ciel nocturne. Dès 1919, à l’observatoire du mont Wilson, le prix Nobel de physique 1907 Albert Michelson avait réussi à mesurer son diamètre à l’aide du premier interféromètre.

Déployé sur une base de 16 km, Le réseau ALMA au Chili a récemment fourni des images avec une résolution exceptionnelle. On y voit le disque stellaire, aux contours irréguliers, et on discerne une région plus brillante que l’ensemble de la surface, produite par d'énormes mouvements de convection de gaz à l'intérieur de l'étoile. Le diamètre de celle-ci vaut 1,9 milliard de kilomètres : si elle était à la place du Soleil, sa surface lècherait l’orbite de Jupiter. Sa température de surface est relativement froide (3600 K contre 6000 K pour notre Soleil) ; par ailleurs Bételgeuse s’éloigne de nous à la vitesse de 21 km/s. C’est une supergéante rouge (type M1-2) 15 fois plus massive que le Soleil, dont l’éclat varie entre les magnitudes 0 et 1,3 avec une période irrégulière autour de 5,7 années. Sa période de rotation est de 14 ans. Fin 2019, l’étoile a expulsé un important jet de gaz et de poussières qui a fait écran en refroidissant, réduisant sa luminosité pendant 6 mois.

Agée seulement de 8 millions d’années, l’étoile arrive en fin de vie et explosera en supernova d’ici quelques milliers d’années. Elle sera alors visible en plein jour pendant plusieurs semaines avec une brillance comparable à celle de la Lune. Après cette période, elle se transformera progressivement en nébuleuse qui restera visible pendant plusieurs milliers d'années, tandis que son cœur s’effondrera sur lui-même en étoile à neutrons.

Le nom « Bételgeuse » vient de يد الجوزاء, yad al-jawzāʾ, un terme d'origine arabe pré-islamique qui signifie « la main d'al-jawzāʾ» (al-jawzāʾ désigne un personnage féminin dont la constellation se situait à l'emplacement d'Orion). Le y a été transcrit de façon incorrecte au moyen âge et remplacé par un b, d’où l’appellation actuelle.