Configuration avancée

La combinaison APN défiltré sur Newton 150/750 + monture NEQ5 permet de faire de belles images et s’avère facilement transportable. Cependant, pour des objets du ciel profond réputés difficiles, il faut un capteur plus sensible et un suivi plus précis pour les poses longues.

J’ai choisi une caméra refroidie couleur équipée du nouveau capteur Sony IMX571C au format APS-C, dont le rapport sensibilité/niveau de bruit est exceptionnel. Plusieurs marques produisent des caméras avec ce capteur : Zwo, Omégon (Touptek), RisingCam, QHY, Altair… Les prix sont très variables alors que le produit semble de fabrication identique, d’origine chinoise bien sûr. La marque Omégon distribuée par Astroshop m’a paru sérieuse avec l’avantage d’un SAV basé en Europe.

Les caractéristiques sont les suivantes : capteur 23,5 x 15,7 mm de 26 MP (pixels de 3,76 microns) ; refroidissement Peltier -30°, hublot avec filtre 400-700 nm et chauffage anti-buée, poids 660 g. L’alimentation 220V-12V/3A est fournie (prise jack 2,1 mm), ainsi qu’un câble USB3 de 1,20 m.

Le plan du capteur se situe 17,5 mm derrière le hublot, comme le modèle Zwo donc tous les accessoires de la marque sont compatibles. Pour limiter les changements de configuration avec l’APN, et pour pouvoir utiliser les objectifs photo en grand angle, j’utilise en permanence une bague adaptatrice Canon EF vers T2 de marque TS-Optics sur laquelle je monte le correcteur de champ 2’’ Skywatcher avec sa bague T-M48 ou les objectifs Canon, comme sur l’appareil photo. La bague adaptatrice permet un ajustement du backfocus sur quelques mm, verrouillé par une molette.

Au format plein cadre / 16 bits / bin 1, la caméra peut produire chaque seconde deux images FIT de 50,6 Mo. Un mode vidéo est disponible mais ce n’est pas le domaine de ce type de caméra. Il faut impérativement activer le chauffage du hublot frontal sans lequel de la buée apparaît au centre après quelques minutes de refroidissement du capteur. Ce chauffage n’est pas suffisant par temps très humide, j’ai ajouté par la suite une résistance chauffante externe vendue pour les caméras Zwo ASI Pro branchée sur l'alimentation 12V de la caméra.

Beaucoup plus sensible qu’un APN, une caméra permet d’identifier l’objet recherché directement à l’écran en poussant le gain au maximum sur des poses d'1 s, même en présence de filtre. Cela facilite énormément le cadrage et la mise au point. D’autre part la température régulée permet de se constituer une bibliothèque de darks : il n’est plus nécessaire de consacrer 1/3 du temps utile de chaque séance à réaliser ces derniers (voir la page "Darks, Flats, Offsets").

Pour avoir un suivi de meilleure qualité et pouvoir utiliser des instruments plus lourds, j’ai acquis une monture équatoriale Skywatcher EQ6-R Pro. Celle-ci peut supporter une charge utile de 18 kg mais pour la photographie, on se limitera à 14 kg. L’erreur périodique est contenue autour de 10’’, je m’attendais à mieux surtout après un réglage personnalisé effectué par le vendeur. Cependant, les gradients sont faibles et les erreurs sont bien corrigées par l’autoguidage, indispensable de toute façon pour la photographie en pose longue. La monture possède un port USB qui permet le pilotage direct par un PC, ainsi qu’un port ST4.

Afin de gagner un peu en focale et en résolution, mais en restant fidèle à la formule Newton que j’apprécie pour ses miroirs fixes, le nouvel instrument est un tube Skywatcher 200/1000 ouvert à F5.0. Son poids de 8,7 kg est très raisonnable. La lunette d’autoguidage ED72/420 est fixée avec deux anneaux Orion de 105 mm permettant un débattement de 3° autour de l’axe principal. Avec la lunette, le chercheur, le laser, un contrepoids d’équilibrage de 1 kg et les deux caméras, on arrive à 13,8 kg sur la monture.

Il est intéressant de conserver le setup entièrement monté, et de pouvoir le préparer à l’abri (surtout l’hiver). J’ai fabriqué une plate-forme à roulettes en contreplaqué pour recevoir le trépied, ce qui me permet ensuite de déplacer l’ensemble jusqu’à la position d’observation.  Il suffit de serrer les freins, de brancher et d’affiner le pointage dans le viseur polaire : moins de manipulations, gain de temps assuré, donc temps de pose augmenté !

Pour l’acquisition, j’utilise à présent le logiciel open-source Nina qui est très complet et présente une interface conviviale ; de plus, il prend en charge directement la caméra Omégon alors qu’avec Sharpcap, il faut installer un pilote ASCOM. La monture est pilotée en USB par Nina au moyen d'une connexion à la raquette et du pilote ASCOM Skywatcher. Nina s’interface très bien avec PHD2 qui réalise l’autoguidage avec la petite caméra ASI 462MC sur la lunette.

Pendant la préparation, Nina propose une aide au cadrage à partir d’images de fond de ciel fournies par un serveur de la NASA ; il est possible de définir très facilement un éventuel tuilage pour assemblage ultérieur en mosaïque. La cible désignée peut servir pour affiner le pointage par astrométrie (bibliothèque ASTAP à télécharger). Le générateur de séquences permet de programmer une suite d’actions, dont en particulier le dithering pendant la prise de vue.

Des tutoriels vidéos très instructifs concernant les différentes fonctions de Nina sont disponibles sur la chaine YouTube Cyril Astro.

Voici un exemple sur les galaxies M81-M82 réalisé avec la configuration décrite ci-avant : pose de 90s à gain 200 avec filtre UHC, T=-10°C, pollution lumineuse moyenne (Bortle 4).

Image unitaire brute

Le niveau de bruit de chaque pose est réellement faible et l’ampglow (lumière parasite sur un bord de l’image) totalement absent.

Après enregistrement de 45 images en effectuant un dithering toutes les 5 poses, 25 darks, 20 flats, 20 offsets puis traitement avec Siril (étalonnage par photométrie) et Photoshop :

Ces objets sont assez lumineux mais avec l’APN, il aurait fallu une durée d’acquisition bien supérieure pour obtenir ce résultat. En revanche sur des objets plus sombres comme les nébuleuses diffuses, en particulier avec un filtre Ha-OIII, cette caméra offre une finesse de détails sans commune mesure. Je vous invite à consulter régulièrement la galerie pour découvrir les nouvelles photos.

NGC7000 nébuleuse de l'Amérique du nord

 M8 nébuleuse du lagon