Le ciel du mois : Août 2021

1 août 2021

Evénements

Le module scientifique russe Nauka s’est amarré à la station ISS le 29 juillet, avec quelques ennuis de propulsion qui ont failli déstabiliser la station. Plusieurs sorties extra-véhiculaires seront nécessaires pour déployer ses équipements, dont en particulier le bras robotique européen développé par l’ESA visible sur l’illustration ci-dessous.

En conséquence, le lancement du vaisseau Boeing CST-100 Starliner prévu le 30 juillet pour rejoindre l'ISS a été retardé au 3 août au plus tôt. Il s'agit du second vol d'essai de ce modèle, toujours sans équipage suite aux nombreux problèmes rencontrés lors du premier vol en décembre 2019. La capsule emmène à nouveau du ravitaillement et un mannequin instrumenté surnommé « Rosie the rocketeer » pour évaluer les conditions d’environnement des futurs équipages.

Ephémérides

Vénus restera bien brillante à l’ouest dans le ciel du soir, en revanche Mercure et Mars seront trop proches du Soleil pour être observés.

Saturne et Jupiter seront visibles toute la nuit du sud-est au sud-ouest, culminant à 30° au-dessus de l’horizon avec la constellation du Capricorne. Ces deux planètes seront suivies sur l’écliptique par Neptune (1h après Jupiter, magnitude 8) et Uranus (3h après, magnitude 6).

Saturne sera à l’opposition le 2 août, soit à l’exact opposé du Soleil ; à ce moment, la planète est la plus proche de la Terre et paraît la plus brillante. Ce sera le tour de Jupiter le 19 août, puis de Neptune le 14 septembre.

Les Perséides désignent un essaim de météores remarquable, constitué de poussières issues de la comète 109P Swift-Tuttle découverte en 1862 par deux astronomes américains. La comète revient couper l'orbite de la Terre tous les 133,3 ans, laissant un sillage de débris ; le dernier passage de l'astre au périhélie a été observé en 1992. Cette pluie d’étoiles filantes est la plus intense de l’année, elle atteindra son maximum dans la nuit du 12 au 13 août. Cette année, le spectacle ne sera pas perturbé par la Lune qui se couchera en début de nuit ; je vous recommande d'aller l'observer en vous rendant à une "nuit des étoiles" organisée par les clubs d'astronomie.

Observation / les objets du mois

Le mois d’août offre de belles nuits d’observation avec une voie lactée presque verticale au sud, ce qui permet des photos spectaculaires au grand angle avec un premier plan bien choisi (voir la page "photographie grand champ").

Crédit : studioart-photographe.fr

La plupart des nébuleuses mentionnées au mois de juillet sont toujours observables, notamment celles de Céphée et du Cygne très haut dans le ciel.

L’étoile double Delta Cephei est intéressante à observer à plusieurs titres.

C’est un couple d’étoiles jaune et bleue à 890 AL, séparées de 41 secondes d’arc (0,2 AL) : elles sont donc liées par la gravitation. En fait, chaque composante est une double spectroscopique ce qui en fait un système quadruple.

Delta Cephei A est une étoile variable pulsante de type céphéide classique. La magnitude apparente varie de 3,6 à 4,3 de manière très régulière avec une période de 5,4 jours. Pour ces étoiles de masse comprise entre 4 et 20 fois celle du Soleil, il existe une relation entre la luminosité (la magnitude absolue) et la période de pulsation : en comparant avec la magnitude apparente, on en déduit la distance ce qui donne à ce type d’étoile le nom de chandelle standard. Cette découverte due à Henrietta Swan Leavitt vers 1910 a permis de mesurer les distances des objets dans notre galaxie et dans les galaxies proches, ce qui a transformé notre compréhension de l’univers.

A mi-distance entre Cassiopée et Céphée nous pouvons observer la nébuleuse de la bulle NGC7635 découverte en 1787 par William Herschel. Il s’agit d’un nuage de gaz en expansion presque sphérique issu d’une jeune étoile très chaude de magnitude 8,7 dont la masse est estimée à 40 fois celle du Soleil. Ce nuage est entouré par une région d’hydrogène ionisé, à 10 000 AL de notre système.

Photo Russell Croman fineartamerica.com

NGC7331 est une galaxie spirale située à environ 42 millions d’AL au-dessus du carré de Pégase, découverte par William Herschel en 1784. Elle fait partie du « groupe Deer Lick » qui comprend 4 autres galaxies beaucoup plus distantes (entre 300 et 350 millions d’AL). Ce nom inhabituel ("la mare aux cerfs" en anglais) a été donné en 1980 par l'astrophotographe amateur Tom Laurenzin qui observait cet ensemble à travers le "Deer Lick gap" dans les montagnes de Caroline du Nord.

Un demi-degré à l’ouest nous pouvons observer le quintet de Stephan, découvert par l'astronome français Edouard Stéphan en 1878. C'est un groupe resserré de 5 galaxies (NGC7317 à 7320) dont 4 sont en interaction proche autour de 300 millions d’AL et fusionneront à terme. La cinquième (NGC7320 en bas à gauche sur la photo) est beaucoup plus proche à 40 millions d'AL et semble plutôt liée à NGC7331. La magnitude des objets est faible (14) et demande un instrument d’un bon diamètre, ainsi qu’un ciel très pur. Le diamètre du groupe est de 5 minutes d’arc.

Photo Nasa / télescope Hubble

Toujours dans la constellation de Pégase un peu au dessus d’Algenib nous trouvons la galaxie NGC7814, parfois appelée « le petit Sombrero » pour sa ressemblance avec M104. Ce sont deux galaxies spirales de tailles voisines vues par la tranche, avec de vastes halos et un renflement central coupé par un mince disque parsemé de bandes de poussière. NGC 7814 se trouve à environ 40 millions d’AL, un peu plus loin que M104 (31 millions d’AL). Dans cette vue télescopique du 17 juillet dernier, NGC 7814 héberge une supernova récemment découverte, immédiatement à gauche du noyau de la galaxie. Cataloguée sous le nom de SN 2021rhu, l'explosion stellaire a été identifiée comme une supernova de type Ia, utile pour calibrer les échelles de distance dans l'univers lointain.

Photo Chart32 group – Chilean 32’’ robotic telescope

NGC7293 nébuleuse de l’hélice est une belle nébuleuse très colorée située dans la constellation du Verseau, à proximité du Poisson austral. Découverte par Karl Ludwig Harding en 1824, elle est l'une des nébuleuses planétaires les plus proches de nous à 650 AL ; son diamètre apparent est de 25 minutes d’arc. L’étoile centrale a expulsé la majeure partie de ses composants il y a 12000 ans et s’est transformée en naine blanche.

Trois amas remarquables sont à signaler dans la constellation du Scorpion, donc visibles seulement en été sous nos latitudes.

L’amas du crabe M4 est facile à trouver, 1,4° à l’ouest de la géante rouge Antares. Distant de 7200 AL, c’est l’amas globulaire le plus proche de la Terre ; son diamètre vaut 25 minutes d’arc. Un alignement d'étoiles brillantes semble le scinder du nord au sud ; il a été parmi les premiers à être résolu en étoiles par Charles Messier.

Source : Wikipedia

L’amas du papillon M6 est un amas ouvert de même diamètre apparent, contenant une centaine d’étoiles à 1600 AL. La plupart sont des étoiles bleues mais la plus brillante BM Scorpii est une géante orange de magnitude variable entre 6,8 et 8,7.

Source : Wikipedia

Enfin l’amas de Ptolémée M7 visible à l’œil nu était connu des grecs anciens. C’est une concentration d’étoiles sur un peu plus d’1° carré, bas sur l’horizon dans le nuage de la Voie Lactée.

Photo N. A. Sharp